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> Romanian war prisoners in Strassbourg?
BG7M
Posted: June 21, 2007 05:24 pm
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I just lost the bids for one very interesting "Gutschein - 1 Mark, Gefangenenlager Rumänien-Batallion A.B.B. Strassburg/Elsaß"
http://cgi.ebay.com/ws/eBayISAPI.dll?ViewI...em=180130547695
Even if I loose it, I am curious for details about this prisoner camp. Any infos?
Thank you.
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niculae
Posted: September 02, 2007 09:45 pm
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In french...

« Au début de la Première Guerre mondiale, les troupes allemandes ont déboisé une partie de la forêt à l’ouest de Soultzmatt pour construire des abris et des installations militaires. A 500 mètres environ au nord de la chapelle, et près de l’auberge du lieu-dit Gauchmatt, les Allemands ont érigé un camp militaire. Situé dans une clairière, ce camp, dénommé « Kronprinzlager », est entouré de fils de fer barbelé. Il est utilisé par les troupes allemandes qui y viennent au repos toutes les trois semaines par roulement, après avoir été engagées sur le front franco-allemand des Vosges. Ce front est stabilisé à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Soultzmatt depuis les combats de juin 1915 à l’Hilsenfirst et ceux de juillet 1915 sur le Linge. Le camp du « Kronprinz » est occupé en permanence par environ 500 soldats allemands et deux batteries de ballons captifs. Il est camouflé pour ne pas être repéré par l’aviation française. Un commandement local (Ortskommandatur) est installé à Soultzmatt pour y régler le passage et le cantonnement des troupes allemandes. Dans la localité sont cantonnés un détachement de police et une compagnie d’infanterie, qui occupent l’école de garçons, des granges réquisitionnées et les deux usines textiles.
Au début de 1917, par un froid rigoureux, les habitants de Soultzmatt voient arriver des soldats roumains exténués et amaigris. Escortés par des soldats du Landsturm, baïonnette au canon, ils viennent à pied de Rouffach. La plupart de ces soldats sont dirigés vers le camp du Val du Pâtre tandis qu’une vingtaine d’entre eux sont logés provisoirement dans une usine textile. « Les gosses, parfois, jettent un croûton, une pomme de terre dans les ouvertures béantes des poches de capote. L’ordre vient, inexorable, et les gosses sont chassés. L’un d’eux, qui s’obstine, giflé par un sous-officier, se sauve en hurlant. Alors ces croûtons, ces pommes de terre, les gosses les cachent dans les trous des murs. Les plus épuisés des Roumains, ceux qui traînent derrière la colonne, comme pour se soutenir, tâtent les pierres disjointes et sondent les fissures. L’un d’eux, que je verrai jusqu’au fond de l’éternité, ramène d’une cachette une pomme de terre crue qu’il mord gloutonnement » [Benjamin VALLOTTON, Les prisonniers roumains en Alsace, in Alsace française, 5 et 12 octobre 1930, p. 334].

Selon le témoignage de M. Léon Nicollet - né en 1905 à Soultzmatt et dont les parents font partie des 30 membres du personnel civil alsacien travaillant au camp - les prisonniers de guerre roumains sont au maximum 70 au début de 1917. Leur effectif est re-complété à la suite des décès. Ils logent dans deux baraques à l’extérieur du camp. Ces baraques sont encore inachevées au début de 1917 et elles sont humides et froides. Les prisonniers sont surveillés par un détachement spécial d’une quinzaine de gardiens et encadrés pour le travail par des chefs d’équipe civils et un garde forestier. Ce dernier est logé avec sa famille dans la maison forestière du Val du Pâtre, contiguë à la chapelle. Les prisonniers roumains sont astreints à de durs travaux de coupe de bois sur les pentes du massif du Schimberg, au sud du camp. Ils reçoivent une nourriture insuffisante. Les pauvres soldats roumains meurent d’épuisement et de faim. Le père de M. Léon Nicollet, qui est chef d’équipe, encadre une quinzaine de prisonniers roumains pour entretenir les chemins, couper du bois et nettoyer le camp. Les prisonniers sont surveillés pendant leurs travaux par des soldats allemands armés d’un fusil avec la baïonnette au canon. Le père de M. Léon Nicollet apporte à manger dans sa musette pour donner aux prisonniers quelques aliments en cachette des gardiens, mais ce n’est pas suffisant pour les aider à survivre. Les prisonniers sont parfois frappés sans raison par leurs gardiens. M. Léon Nicollet a remarqué que les soldats roumains portent un uniforme gris bleuâtre avec un liseré rouge ou vert au col. Mais ils sont le plus souvent en loques. Certains sont sans souliers et ont les pieds entourés de chiffons. Les vêtements sont en lambeaux et les prisonniers doivent récupérer ceux des morts. Les Roumains sont très faibles et les gardiens, qui estiment qu’ils ne sont pas en mesure de s’évader à cause de leur faiblesse physique, les surveillent plus ou moins bien. Ils sont attirés par l’auberge de la Gauchmatt où travaillent deux jeunes serveuses. Les cadres allemands font venir des prostituées dans leur « Kasino ».
Dès leur arrivée au camp du Val du Pâtre, les prisonniers roumains, épuisés et affamés, résistent mal au froid et à la fatigue. Au début, les morts sont placés dans un cercueil et déposés dans la chapelle du Val du Pâtre. Les enterrements ont lieu le dimanche. Chaque cercueil est descendu par quatre prisonniers roumains et emprunte l’itinéraire du chemin de la Chapelle pour se rendre au lieu-dit « Grienling », à 500 mètres au sud de Soultzmatt, sur un terrain communal situé au sud du cimetière du village. Une fois que la tombe est creusée, les porteurs font un cercle autour du cercueil sous la surveillance des gardiens. Un soldat roumain prend la parole pour faire chanter quelques tropaires [composition littéraire et musicale de la liturgie orientale. Le tropaire comprend une stance, un refrain et quelques versets] de l’enterrement, qu’ils ont chanté autrefois dans leur village, et pour rappeler la vie du défunt. Il n’est pas possible d’affirmer que les prisonniers roumains aient profité des enterrements pour entonner l’hymne national « Tràiasca Regele » (Que vive le roi). Des enfants du village profitent des enterrements pour s’approcher des prisonniers roumains. Ces derniers mettent les mains dans le dos pour recevoir du pain et des pommes de terre cuites. Parfois, les enfants sont battus par les gardiens parce qu’ils donnent à manger aux prisonniers.
A partir du mois de mars 1917, les cadavres de prisonniers roumains ne sont plus descendus seulement le dimanche, mais chaque jour et quelquefois plusieurs fois par jour, 5 fois le 11 mars 1917 et 5 fois le 24 mars 1917. Selon la liste étable par le sous-préfet (kaiserliche Kreisdirektor) de Rouffach-Guebwiller le 14 décembre 1917, 142 soldates roumains sont décédés et ont été inhumés à Soultzmatt entre le 4 février et le 8 mai 1917 : 17 en février, 73 en mars, 48 en avril et 4 en mai. Certains prisonniers roumains ont été enterrés dans le cimetière militaire que les Allemands ont créé au Val du Pâtre pour y inhumer les soldats allemands. Ces inhumations dans le cimetière militaire allemand, à l’emplacement du cimetière militaire actuel, sont signalées au commandement militaire local (Ortskommandatur) de Soultzmatt. 19 soldats roumains ont été inhumés, pour des raisons inconnues, au cimetière du Val du Pâtre entre le 21 février et le 11 mars 1917. 4 autres soldats roumains, décédés les 2, 5 et 8 mai 1917, ont également été enterrés au cimetière du Val du Pâtre.
Selon l’avis (Mitteilung), adressé à « l’Ortskommandatur » de Soultzmatt pour chaque décès de prisonnier roumain inhumé au cimetière du Val du Pâtre, le « Feldwebel-Leutnant » Baller déclare que les soldats roumains sont décédés simplement à la suite d’un arrêt cardiaque (an Herzliihmung verstorben) ! [Archives municipales de Soultzmatt, Carton M 65]. Dans la réalité, les prisonniers de guerre roumains meurent de faim, de froid et de mauvais traitements. La population alsacienne est persuadée que l’extermination des soldats roumains est délibérée. Benjamin Valloton évoque les réflexions des gardiens allemands au sujet des prisonniers roumains : «Qui les obligeait à faire la guerre ? Nous, on fait ce qu’on nous dit... » [Benjamin VALLOTTON, op. cit., p. 305]. « Que ces faibles aient osé nous frapper dans le dos, vous ne trouvez pas ça abominable, vous ne sentez pas l’insulte ? » [Ibid.o, p. 303].
Les habitants de Soultzmatrt ont remarqué que, lorsque les morts roumains sont descendus au village en vue de leur inhumation, les porteurs s’arrêtent sur le chemin de la Chapelle à un endroit où sont déposés les immondices du village et cherchent rapidement, malgré les insultes et les coups de crosse des gardiens, à récupérer quelque chose dans les ordures. Ils arrachent de l’herbe pour la consommer avidement. Ce comportement des soldats roumains en dit long sur leur sous-alimentation. Très rapidement, des habitants de Soultzmatt, heureusement nombreux, déposent du pain et de la nourriture consommable sur la décharge publique pour que les prisonniers de guerre roumains puissent trouver à manger le lendemain lors de leur passage. A part les enfants, personne n’ose se risquer à remettre directement de la nourriture aux Roumains tellement la population a peur des mauvaises réactions des Allemands. Des témoins oculaires ont affirmé en 1919 à M. Max Dollfus, président du comité d’Alsace des tombes roumaines, que les soldats roumains sont morts de faim tandis que les vivres qui leur étaient destinés étaient consommés par leurs gardiens dans l’auberge de la Gauchmatt, voisine du cimetière actuel [Le Temps, Paris, 23 mai 1924]. Vingt-sept familles de Soultzmatt, dont la liste est conservée dans les archives municipales, ont contribué par leurs dons de nourriture, à la survie des prisonniers de guerre roumains. Cette liste a été dénommée liste de « soulagement des prisonniers roumains » [Archives municipales de Soultzmatt, Carton M 65].
Sur les 452 prisonniers roumains identifiés, qui reposent dans le cimetière militaire de Soultzmatt [680 prisonniers roumains reposent à Soultzmatt : 555 en tombes individuelles, dont 103 d’inconnus, plus deux ossuaires, l’un de 71, l’autre de 54 Roumains], 103 sont morts en février 1917, 129 en mars, 78 en avril, soit 68% décédés en trois mois.
Si 1917 est l’année terrible, surtout pendant les mois de janvier à avril inclus, l’année 1918 ne voit mourir à Soultzmatt que 8 prisonniers de guerre roumains. La mortalité est proportionnellement identique pour les soldats roumains inhumés au cimetière militaire de Haguenau et dont la date de décès est connue : 33 en février, 96 en mars, 73 en avril, 67 en mai. En avril 1924, Max Dollfus écrivait : « Vous êtes frappé en parcourant lentement nos deux cimetières (Soultzmatt et Cronenbourg) de lire sur les croix l’obsédante répétition des dates toujours les mêmes : janvier, février, mars, avril 1917. Une seule et longue rangée porte uniformément la date du 10 avril 1917 » [L’Est républicain, Nancy. 23 avril 1924].
Un cas particulier mérite d’être cité au sujet du camp du Val du Pâtre pour bien montrer que la population alsacienne n’a pas été insensible au martyre des prisonniers de guerre roumains malgré des risque certains de représailles dans un village où étaient cantonnés plusieurs centaines de soldats allemands. Une nuit de mars ou d’avril 1917, vers 22 heures, la mère de M. Ernest Nicollet réveille son fils. Elle est affolée car un prisonnier roumain frappe au volet. Il s’agit d’un soldat originaire d’Oltenita, dans le département de Calarasi, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Bucarest, près du Danube. Le soldat Salomon Coconasu, âgé alors d’environ 35 ans, est parvenu à sortir des baraques du camp du Val du Pâtre. Il est descendu vers les premières maisons du village et il est venu frapper aux volets de la maison qu’habitent les parents d’Ernest Nicollet (né à Soultzmatt en 1897), dans la rue des Prêtres, au débouché du vallon emprunté par les convois mortuaires quotidiens. En portant des camarades décédés au cimetière du « Grienling », il a certainement dû repérer l’itinéraire qui conduit au village et, poussé par la faim, il a pris le risque d’aller demander à manger pour survivre et de frapper aux volets. Après avoir vérifié que personne n’est dans la rue, la famille Nicollet fait entrer Salomon Coconasu dans la maison. Le soldat roumain connaît quelques mots de français et un dialogue très limité s’engage avec M. Jacques Nicollet. Son fils Ernest, qui, soixante-dix ans plus tard se souvient encore de quelques mots roumains que lui a appris Coconasu, se rappelle que, ce soir-là, sa mère a fait réchauffer un reste de choucroute et de pommes de terre pour restaurer le soldat roumain. Après avoir mangé et s’être reposé près du feu, Coconasu reprend le chemin du camp avec une musette de ravitaillement que lui a donné la famille Nicollet. Désormais, il sortira du camp la nuit vers 22 heures deux à trois fois par semaine pour venir manger chez les Nicollet, ce qui lui permettra de survivre et de rentrer dans sa patrie. Il profite certainement de la négligence des gardiens allemands, qui font ripaille à l’auberge de la Gauchmatt. Ce qui frappe la famille Nicollet, c’est que Coconasu leur embrasse les mains en signe de reconnaissance chaque fois qu’il vient chez eux. Une seule fois, il est accompagné d’un camarade, dont il annoncera bientôt le décès à la famille Nicollet. Coconasu, qui a la chance et le courage de sortir et de rentrer dans le camp sans éveiller la suspicion des gardiens allemands, sera d’une grande discrétion sachant que la famille Nicollet risque sa vie en le recevant et en le ravitaillant.
Lorsque les prisonniers roumains sont transférés, Coconasu demande l’adresse de la famille Nicollet. Par précaution, cette dernière préfère que le prisonnier roumain laisse la sienne. Le 6 juillet 1919, la famille Nicollet écrit à l’adresse indiquée en Roumanie. C’est seulement au printemps de 1921, qu’elle reçoit une réponse de Coconasu, une lettre datée du 18 avril 1921. Salomon Coconasu est rentré en bonne santé et a retrouvé sa famille. « C’est avec une grande émotion que je me rappelle des jolies heures passées chez vous et je vous remercie beaucoup pour votre chaleureux accueil » [Témoignages de MM. Ernest et Léon Nicollet]. Il signalera aux autorités roumaines l’adresse de ses bienfaiteurs. La famille Nicollet recevra une lettre de remerciements rédigée le 28 novembre 1924, à la demande de la reine Marie de Roumanie, par sa dame d’honneur, Simone Lahovary, qui y joint une photo dédicacée de la reine. La famille Nicollet garde précieusement cette lettre qui mérite d’être citée. « Madame, Sa Majesté la Reine ayant appris tout le dévouement avec lequel vous vous êtes occupée de nos malheureux prisonniers roumains pendant la guerre, me charge de vous dire combien Elle a été touchée de votre bonté et vous adresse toute sa gratitude. Sa Majesté vous envoie ci-joint son portrait en costume de couronnement et espère que vous le garderez en souvenir de la Roumanie que vous ne connaissez pas, mais pour laquelle vous avez tant fait ».
Le mercredi 9 avril 1924, le roi Ferdinand et la reine Marie de Roumanie sont les hôtes de l’Alsace et viennent se recueillir au Val du Pâtre, accueillis par le Général Berthelot, ancien chef de la mission militaire française en Roumanie en 1916-1918. Après l’inauguration du monument, la reine Marie dépose, au pied de la grande croix du cimetière, une immense couronne d’arums et de roses et, parcourant les allées qui séparent les tombes, place sur chaque tombe un bouquet d’œillets rouges et blancs, que lui tendent de petites Alsaciennes.
Dans le cimetière militaire de Soultzmatt, au pied de la croix qu’entourent toujours en permanence les drapeaux français et roumain, trois plaques de marbre témoignent du sacrifice des prisonniers de guerre roumains. La première rappelle que « les 687 prisonniers de guerre roumains qui dorment dans ce cimetière sont morts presque tous de janvier à fin 1917. Ils ont connu la faim, les privations et les tortures ». La seconde fait savoir que « le comité d’Alsace des tombes roumaines fut chargé par le gouvernement roumain de réunir dans ce cimetière des tombes qui étaient disséminées en 1919 dans 35 villes et communes d’Alsace. Il a acquis la preuve que tous ceux qu’elles abritent sont morts après d’indicibles souffrances ». La troisième plaque est un témoignage de sympathie de la reine Marie de Roumanie. « Loin de votre patrie, pour laquelle vous vous êtes sacrifiés, reposez en paix, auréolés de gloire, dans cette terre qui ne vous est pas étrangère ».
Lors de sa réunion du 30 août 1919, le conseil municipal de Soultzmatt, présidé par le docteur Charles Kubler, met à la disposition du gouvernement roumain un terrain situé au lieu-dit de la Gauchmatt destiné à établir un cimetière militaire pour l’inhumation des soldats roumains décédés pendant leur captivité en Alsace et en fait don au gouvernement roumain. Il fait également connaître les noms des 27 chefs de famille de Soultzmatt, qui ont aidé les prisonniers de guerre roumains à survivre. Les prisonniers de guerre roumains enterrés au lieu-dit « Grienling » sont transférés en 1920 au cimetière militaire du Val du Pâtre.
Certains prisonniers de guerre roumains internés à Soultzmatt sont décédés à l’hôpital militaire d’étapes de Colmar. En effet, le soldat Marin Bobosila y est mort le 20 février 1917. Son acte de décès n° 194, enregistré à la mairie de Colmar, précise qu’il appartenait au camp de travail (Arbeitslager) du Schäferthal, dépendant du « Rumänienkommando XI », lui-même subordonné au camp de base (Stammlager) de Tuchel en Prusse occidentale. Le soldat Ion Sorica, âgé d’environ 22 ans, est décédé le 22 février 1917 (acte n° 203) et le soldat Caspar Grasu (acte n° 217) est mort le 26 février 1917 à l’âge de 33 ans. »

Source: Jean NOUZILLE, Le Calvaire des prisonniers de guerre roumains en Alsace-Lorraine, 1917-1918 (Bucarest, Editions Militaires, 1991, 199 pages)
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In romaneste....

În Alsacia franceză, aproape de graniţa cu Germania, respiră un petec de pămînt românesc. În el odihnesc 680 dintre cei 2344 de militari români, luaţi prizonieri în lagărele germane din Franţa, în timpul primului război mondial. Pelerinajul la cimitirul eroilor romani de la Soultzmatt a devenit traditie pentru romanii din strainatate, anul acesta el desfasurandu-se in 11-12 iunie, sub un cer izbavitor de albastru. Dupa refuzul de a-si onora angajamentele fata de Tripla Alianta, la 27 august 1916, Romania declara razboi Austro-Ungariei. Dupa cateva zile de euforie, in cursul carora armata romana intra in Transilvania, suna ceasul infrangerilor...

La 16 decembrie 1916, Bucurestiul cade in mainile trupelor coalizate de nemti, austro-ungari, bulgari si turci. Campania militara ce va urma, le permite nemtilor sa ia nenumarati prizonieri romani, imprastiati prin taberele raspandite in intreg Imperiul, la Mannheim, Saarbruecken, Bayreuth, Oberhoffen.
Misterul mortilor din Alsacia si Lorena
Calvarul prizonierilor de razboi romani ne este astazi cunoscut prin intermediul documentarilor lui Jean Nouzille, care, in anii 1980, a consemnat spusele multor martori la suferintele indurate de acestia („Le calvar de prisonniers roumains d`Alsace et Lorraine”, Bucuresti 1997).

„Palizi, slabi, cu ochii stinsi, acesti nenorociti abia se tineau pe picioare. Foamea parea a-i fi indobitocit si redus la nesimtire.” Asa ii descrie soldatul alsacian Dominique Richert pe prizonierii militari romani intalniti la Wetzlar, pe Valea Rinului. O buna parte dintre captivi nu e detinuta in lagare, ci repartizata in echipe de lucru, asa-numitele Arbeitskommando-uri. Multe dintre acestea se afla in Alsacia si Lorena.

Pe un frig crancen, inghesuiti in vagoane deschise, pentru animale, detinutii sunt transportati mai multe sute de kilometri, multi dintre ei murind in timpul calatoriei. 25 de morti in 25 de zile la Ensisheim. Foame, frig, epuizare. Intre ianuarie si aprilie 1917, o adevarata hecatomba.

„In 1917”, povesteste Pierre Cahé, nascut la 1899 in Kaskatel, „nemtii au construit un depozit de munitii intr-o padure apartinand unui domeniu nobiliar, numita Padurea Lorenei. Aceasta cuprindea mai multe adaposturi cu bransament la gara din Sarralbe. Pentru muncile aferente lucrarii, ei au adus prizonieri romani, pe care i-au pus sa lucreze la carierele de marmora. Acest lagar de prizonieri se afla sub ordinele unui ofiter german care, din proviziile lagarului, expedia alimente familiei sale de la Berlin“.

Ca urmare, bietilor prizonieri, care munceau toata ziua, seara nu le mai ajungea ratia de mancare. Dupa cateva luni, o parte din parcela pe care se afla lagarul, a trebuit sa fie transformata in cimitir, pentru detinutii morti prin inanitie.

La Guebling, exista marturii ca un soldat a murit pe loc, dupa ce si-a umplut burta cu trifoi. La Koetzingue, detinutii romani se bat cu gainile ca sa le fure cojile de cartofi fierti. Mortii sunt inmormantati fara serviciu religios, doar fredonandu-li-se de catre camarazi cantece ostasesti din patrie. La Dieuze, soarta nu le e mai buna: ei sunt inchisi intr-o casa izolata si imprejmuita cu gard de sarma ghimpata, paziti in permanenta de garzi inarmate, fara lumina, fara foc, fara apa, devorati de limbrici intestinali. La pranz, o supa chioara, la cina, o paine la trei oameni.

Un detasament de prizonieri matura strazile, altul descarca explozibilul la gara pentru trupele de geniu.

Locuitorii ii intalnesc pe unii dintre acesti nenorociti pe strazi, palizi, cu ochii stinsi, cu obrajii scofalciti, cautand prin gunoaie si incaierandu-se pentru un colt de paine mucegait, pana cand soldatul de paza ii desparte cu bastonul, crapand unuia dintre ei capul. Un subofiter bavarez, martor la scena, se indigneaza si apostrofeaza garda, care ii replica: „Ii tratam pe prizonieri asa cum ni se ordona“. Mila nu este caracteristica regelui german Ferdinand I de Hohenzollern-Sigmaringen, care a declarat razboi fostei sale patrii.

Scenele de veritabila barbarie nu sunt rare. In apropiere de Waltenheim, un ulan pe cal il bate cu cravasa pe un prizonier epuizat, care nu mai poate tine pasul cu cohorta. La Appenwihr, Alphonse Bass, nascut in 1900, a vazut o garda omorand un prizonier cu un ciot de copac. In noaptea de 27 pe 28 ianuarie 1917, 71 de soldati romani de la Steinbrunn-ul de Sus sunt tinuti afara pe temperaturi de -10 pana la -20 de grade C, ca urmare a evacuarii din adaposturi, ordonata de nemti, in vederea aniversarilor in onoarea lui Wilhelm al II-lea. Supravietuitorilor le este servita, la intoarcere, o buna portie de bataie.

Locuitorii din Alsacia nu raman indiferenti la supliciul prizonierilor romani, iar copiii nu arareori le strecoara prin gard un colt de paine sau o tigara. (Curierul de Bruche 29 martie 1919). In schimb, romanii le dau sculpturi micute din lemn, cioplite cu briceagul. In clipa incheierii armistitiului, calvarul nu ia sfarsit pentru toti. La 18 noiembrie 1918, in apropiere de Broque, capitanul Chambe, vechi membru al misiunii militare franceze din Romania, recunoaste bonetele in doua colţuri si tunicile verzi ale uniformei militare romane, atarnand pe trupuri descarnate, care se tarasc inspre Saint-Dié in Franta, un teritoriu deja eliberat.

Recuperari ale istoriei
Imediat dupa razboi, s-au inceput cercetarile in cimitirele militare si civile, pentru un recensamant al prizonierilor romani decedati pe teritoriu francez. De asemenea, s-a inceput operatiunea de grupare a osemintelor in cateva cimitire principale. Dieuze pe Moselle si Soultzmatt reunesc aceste ramasite de pe teritoriul Alsaciei meridionale. In cursul anilor 1920 si 1921, 687 de cadavre sunt transferate prin grija Comitetului prizonierilor romani din Alsacia, condus de Max Dollfus; 271 se afla la Colmar si 35 la Mulhouse. In zona Rinului Inferior, 199 de soldati romani sunt ingropati la Cronenbourg.

Cele doua cimitire au fost inaugurate de insasi familia regala. La 8 aprilie 1924, Ferdinand I si regina Maria sunt intampinati la Soultzmatt, iar a doua zi la Cronenburg. Ulterior, in 1972, ramasitele de la Cronenburg vor fi transferate la Haguenau.

Intrerupte de peste 40 de ani de comunism in Romania, ceremoniile franco-romane au fost reluate in Alsacia si Lorena dupa caderea lui Ceausescu. La 5 octombrie 1994, la comemorare ia parte ex-presedintele Iliescu, iar la 11 octombrie 1997, ex-presedintele Constantinescu, care a multumit locuitorilor comunei Soultzmatt si tuturor alsacienilor „ca intretin pe pamantul lor aceasta veritabila ambasada spirituala a Romaniei”.

Cu ocazia celei de-a 80-a aniversare a Armistitiului, la 11 noiembrie 1998, Secretariatul de Stat francez al Vechilor Combatanti a organizat o ceremonie solemna la Dieuze si a dezvelit o placa comemorativa a martiriului acestor prizonieri romani din Franta. De atunci, in fiecare an, ceremoniile sunt reiterate cu piosenie la Dieuze, Soultzmatt si Haguenau.

Cocosul care trambita pe trei Coline
Sat francez cu 2000 de locuitori, Soultzmatt-ul s-a constituit intr-un loc sacru, unde, initial, romanii din exil se intalneau o data pe an, atat din dorinta de a-si pastra patria in suflet si de a-i cinsti pe eroii trecutului, cat si pentru a se ragasi intr-un spirit de coeziune si simtire romaneasca. Preotul Vasile Iorgulescu al Parohiei din Strasbourg, precizeaza ca "cimitirul a fost oferit de Franta Statului Roman, ca omagiu pentru sacrificiile soldatilor romani cazuti in razboi. Desi ramasitele lor sunt gazduite si in alte cimitire comunale franceze, cel din Soultzmatt a constituit intotdeauna o atractie aparte pentru vizitatori, poate datorita misterului care inconjoara locul".

IPS Serafim Joanta, Mitropolit al Europei Centrale si de Nord, considera insa ca atractia locului sta mai degraba in "situarea geografica avantajoasa", aproape de frontiera cu Germania si usor accesibila din Elvetia, pe autostrada spre Basel. Soultzmatt, satul francez din Valea Apei Minerale, ce are ca efigie Cocosul Trambitand pe Trei Coline, atrage prin pastoralul peisajului si atmosfera bucolica, ce indeamna la liniste si reculegere. Poate de aceea, in anul 1924, primul cimitir al eroilor romani morti in Franta, in primul razboi mondial, a fost infiintat aici si inaugurat in prezenta Reginei Maria, ale carei cuvinte in limba franceza sunt inscrise pe placa comemorativa de pe monument:

"Soldati romani, departe de patria voastra pentru care v-ati sacrificat, odihniti-va in pace, sub o aureola de glorie, in acest pamant ce nu va este strain"

Maria, Regina României


Pana in preajma celui de-al doilea razboi mondial, Ambasada romana impreuna cu Biserica Ortodoxa Romana din Paris au organizat pelerinaje cu Te-Deum-uri de aducere aminte si de cinstire a memoriei eroilor ingropati acolo, departe de tara lor. A urmat apoi o perioada de uitare, pana cand, la initiativa unor romani din Paris, acum doua decenii, s-a reluat traditia acestor emotionante comemorari. In anul 1986, insasi familia regala a participat la comemorarea Zilei Eroilor la Soultzmatt. La 18 mai 1991, citandu-l pe Thomas Carlyle, Regele Mihai a transmis participantilor -prin gura Principesei Sofia, care a citit mesajul regal- ca “O tara care nu pastreaza cultul eroilor nu are dreptul sa supravietuiasca", apeland la cei prezenti sa depuna un juramant că "jertfa acestor eroi nu a fost zadarnica".

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Source: Dani Rockhoff 25.06.05

The Romanian soldiers buried on the territory of France are the ones who died as prisoners of war during World War I. The Romanian prisoners kept in France in the provinces of Alsace and Lorraine, at that time belonging to the German Empire, were divided into labour groups and sent to work in military areas.

Many of them died here because of the hard conditions and illnesses. According to the data we have now, the number of the Romanian soldiers buried in France is approx. 2,746, and there are 46 burial places.

The main cities where the Romanian heroes rest in peace are: Dieuse (947), Haguenau (472), Soultzmatt (680), Labry (256), Sarrebourg (224), Maubenge (80) and other cities (111).


See also...
http://www.worldwar2.ro/forum/index.php?showtopic=962&st=0
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niculae
Posted: September 03, 2007 07:06 pm
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Main camp of prisoners and working detachment for Romanian prisoners, during the WWI.

Rumänenkommando XIII - Königl. preussische landst-bewach komp II/39
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Rumänenkommando XIII - Königl. preussische landst-bewach komp II/39
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Rumänenkommando XIII - Königl. preussische landst-bewach komp II/39
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Source: http://www.jetons-monnaie.net/a/astrasbourg.html

This post has been edited by niculae on September 03, 2007 07:13 pm
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